
En médecine, les dérivés de la cortisone, les corticoïdes, sont des traitements utilisés dans de nombreuses maladies. Ils ont un rôle anti-inflammatoire et peuvent être utilisés sur du court ou du long terme selon la pathologie.
S'ils ont montré leur efficacité dans un grand nombre de maladies (inflammatoires, allergiques, auto-immunes...), ils ne sont pas dénués d'effets secondaires, souvent indésirables. Certains surviennent dès les premiers jours de prise, alors que d'autres ne concernent que les prises au long court (plusieurs semaines ou mois). Faisons le point ensemble.
Troubles métaboliques et risque cardio-vasculaire de la cortisone
Prise de poids et lipodystrophies
Sous corticoïdes, la prise de poids est fréquente (40 à 60 % des patients après 2 mois de traitement), en général modérée :
- Elle est due notamment à une augmentation de l'appétit.
- De plus, peuvent apparaître des lipodystrophies : des redistributions de cellules graisseuses (adipocytes). Ainsi, le visage s'arrondit, une « bosse » peut apparaître derrière la nuque.
Hypertension artérielle (HTA) et diabète causés par la cortisone
Une HTA peut être provoquée par les corticoïdes. Des mesures de tension régulières permettent de la détecter.
La cortisone prise sur une longue durée augmente le risque de développer un diabète (a fortiori si la corticothérapie est à dose élevée, soit supérieure à 0,5 mg/kg/j). Par ailleurs, chez un patient déjà connu pour être diabétique ou ayant des antécédents familiaux de diabète, la cortisone sera prescrite avec précaution (l'état glycémique doit être vérifié), car le risque de déséquilibrer le diabète est majeur, même sur un traitement court, ou par injection.
À noter que les personnes qui développent un diabète sous corticothérapie ont plus de risque de développer un diabète de type 2 ou un diabète gestationnel au cours de leur vie en dehors de la prise de corticoïdes.
Cortisone et dyslipidémie
Sur le plan métabolique, les corticoïdes peuvent aussi entraîner une augmentation des taux sanguins de cholestérol et de triglycérides. On parle de dyslipidémie :
- Le diabète et la dyslipidémie ne donnent en général pas de symptômes (il est parfois possible de ressentir une forte soif et l'envie d'uriner en cas de diabète).
- Il faut donc les dépister, car ce sont des facteurs de risque cardio-vasculaires nécessitant une prise en charge.
- Pour cela, une prise de sang à jeun est suffisante.
Attention toutefois, dans le cas d’un diabète cortico-induit, la glycémie à jeun avant la prise de corticoïdes sera normale. Elle augmentera de manière significative en fin d’après-midi et se normalisera en soirée et dans la nuit. Raison pour laquelle la glycémie à jeun n’a que peu de valeur pour diagnostiquer un diabète cortico-induit. Il conviendra de lui préférer une glycémie dans la matinée ou avant le déjeuner.
Cortisone : troubles des muscles et du squelette
Faiblesse musculaire
Une prise de corticoïdes au long cours peut provoquer chez 15 à 40 % des patients une faiblesse des muscles, surtout chez les sujets âgés.
Elle est handicapante pour environ 5 % des individus. Les corticoïdes induisent aussi des crampes nocturnes, surtout en début de traitement.
Complications osseuses
Elles peuvent être de 2 types, l'ostéoporose et l'ostéonécrose aseptique d'un os
- L'ostéoporose est une déminéralisation osseuse qui augmente, à un stade avancé, le risque de fractures vertébrales, du poignet et de la hanche. Elle peut être dépistée par un examen : l'ostéodensitométrie. Des mesures diététiques, un apport en vitamine D, de l'activité physique sont préconisées pour lutter contre l'ostéoporose, et parfois le recours à certains médicaments.
- L'ostéonécrose aseptique correspond à une destruction progressive d'un os, souvent la tête du fémur. Elle se diagnostique sur une image radiologique ou sur une IRM.
Par ailleurs, il semblerait que les infiltrations pratiquées en cas d'arthrose du genou augmenteraient jusqu'à quatre fois le risque de progression de l’arthrose du genou par rapport à l’absence de traitement par corticoïdes intra-articulaires. Cela se traduit par le triplement du rétrécissement de l’espace intra-articulaire.
Troubles cutanés et troubles de l'humeur liés à la cortisone
Il y a trois types d'effets indésirables cutanés dus aux corticoïdes :
- fragilité de la peau : vergetures, difficultés de cicatrisations, sécheresse ;
- troubles infectieux : infection du follicule pileux (folliculites) ;
- troubles divers : acné, augmentation de la pilosité.
Les modifications de l'humeur sont en général mineures. Les corticoïdes provoquent fréquemment des insomnies, de l'anxiété ou une irritabilité. Ces troubles concernent autant les thérapies courtes que prolongées. Très rarement, les troubles peuvent être sévères (dépression, euphorie, etc.).
Chez les femmes, la corticothérapie peut modifier les cycles menstruels. Chez les hommes, des troubles de la libido ou de l'érection peuvent être présents.
Complications ophtalmologiques et autres effets indésirables
Les corticoïdes peuvent augmenter le risque de glaucome et de cataracte. Chez les patients traités au long court, un examen ophtalmologique annuel est utile. D'autres effets secondaires existent :
- Troubles digestifs : les corticoïdes peuvent aggraver un ulcère de l'estomac déjà existant. Des crampes, des remontées acides peuvent se manifester.
- Effets secondaires infectieux : une corticothérapie abaisse les défenses immunitaires. Cette propriété permet de traiter certaines maladies, mais a pour conséquence d'augmenter le risque d'infection. L'apparition d'une fièvre sous corticoïdes nécessite une consultation médicale.
- Troubles endocrinologiques : lors d'une prise prolongée de corticoïdes, les glandes surrénales se mettent au repos. Le risque est qu'à l'arrêt du traitement, ces glandes demeurent « endormies ». On parle d'insuffisance surrénalienne. C'est pourquoi, lors de traitements longs, la diminution de doses de corticoïdes est très progressive, laissant le temps aux surrénales de se remettre en marche en sécrétant des hormones.
- Troubles hydro-électrolytiques : le taux de potassium dans le sang aurait tendance à être abaissé par la corticothérapie. En revanche, le taux de sodium (sel) ne varierait pas.
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